Couperin, Moulinié, Lambert...

Les Fables de La Fontaine

Musique de chambre

À propos

Qui savait que les célèbres Fables de La Fontaine avaient été mises en musique 50 ans après leur écriture ? Cette soirée de clôture aussi ludique qu’étonnante nous donne l’occasion de faire un saut au cœur du Grand Siècle, à la croisée des airs de cour et des chansons à boire du Versailles de Louis XIV.

— LES FABLES AU PRISME DES MUSES —

Pour les jeunes enfants, deux portraits en perruque incarnent le Grand Siècle : le premier est celui de Louis XIV (1638- 1715), le second celui de Jean de la Fontaine (1621 – 1695). Cependant, on lit trop tôt les Fables à l’école, à un âge où échappent à la fois leurs références, leur subtilité littéraire et leur leçon de psychologie. Jean-Jacques Rousseau (1712 -1718) s’en plaignait déjà dans Emile : « On fait apprendre les fables de la Fontaine à tous les enfants, et il n’y en a pas un seul qui les entende. Quand ils les entendraient, ce serait encore pis ; car la morale en est tellement mêlée et si disproportionnée à leur âge, qu’elle les porterait plus au vice qu’à la vertu ».

Si nous ne connaissons pas de mise en musique de ces textes du vivant de la Fontaine, le XVIIIème siècle fut marqué par deux entreprises d’envergure. Celle de Louis-Nicolas Clérambault (1676 – 1749), qui fait l’objet d’une publication en 1732, porte sur 127 fables. Entre 1739 et 1749, le père Jean-Philippe Valette (mort en 1750) fera quant à lui paraître près de 300 fables adaptées pour le chant. Si ce programme s’attache au travail de Clérambault, c’est à la fois eu égard au génie du compositeur, et à la plus grande précision du matériel qu’il nous laisse.

Dans les deux cas, les fables ne sont pas littéralement mises en musique, mais représentées par un texte beaucoup plus concis, qui en est en quelque sorte la métaphore, et peut nettement différer de l’original. La Cigale et la fourmi devient ainsi La Sauterelle et la fourmi, et se réduit à deux strophes, l’une pour l’été, l’autre pour l’hiver. Le sous-titre (ici L’Oisiveté) résume la morale. La mélodie ne fait pas non plus l’objet d’une composition originale, mais reprend un timbre à la mode, c’est-à-dire un air d’opéra, une chanson aristocratique ou populaire, une pièce instrumentale. Cependant, là où Valette se contente d’indications sommaires et reprend souvent Clérambault, ce dernier note les basses, offrant à l’interprète moderne un cadre stylistique lisible sans entraver sa liberté.

La flûte, la viole, la harpe et le théorbe me sont ici apparus comme le quatuor instrumental le mieux à même d’incarner l’épanchement lyrique, la subtilité rythmique et l’intimité du dialogue chambriste dans ces œuvres.

Ils s’accordent en outre naturellement au reste du programme – dont je ne souhaitais pas consacrer l’intégralité aux fables revues par Clérambault, mais imaginais plutôt comme une soirée dédiée à l’esprit de la Fontaine, entre les œuvres qu’il a pu entendre de son vivant et celles qu’il a inspirées. Une certaine lassitude guetterait l’auditeur, face à l’enchaînement de ces adaptations qui lui sont peu familières. En outre, les textes originaux sont souvent effacés de sa mémoire depuis l’école primaire, en supposant qu’il en ait lu davantage que les cinq ou six apprises par tous les enfants !

J’ai donc fait le choix d’alterner la lecture de quelques fables par un comédien ou une comédienne, leur version chantée, des airs de cour célèbres à cette époque, mais aussi des pages instrumentales dont l’univers pittoresque et bucolique, tour à tour riant et délicat, forme la toile de fond de ces textes inépuisables.

Création :

Lou de Laâge, récitante, / Marie-Claude Chappuis, mezzo-soprano

Reprise :

Alex Vizorek, récitant / Jennifer Decker, récitante (comédie française) / Thierry Péteau , récitant

Mathias Vidal, ténor / Claire Lefilliâtre, soprano

Valentin Tournet, viole de gambe et direction

La Chapelle Harmonique

Déplacement du ministre Jean-Michel BLANQUER pour la « Rentrée en musique », au Château de Versailles, le vendredi 3 septembre 2021 – ©Philippe DEVERNAY.

Presse

23 septembre 2018

The Sunday Times

Hugh Canning

Album of the week

Par-delà l’observation, l’oiseau qui s’élève dans les airs et dont le chant semble si naturel invite à l’évasion, à la rêverie. Que raconte le chant du rossignol ? Parle-t-il d’amour ? Parle-t-il de la nuit comme le suggère son nom anglais ou allemand (nightingale, Nachtigall) ? Le poète disait que les songes sont ailés… Et pour l’auteur du Concert de différents oiseaux, ces derniers « font dormir les peines » et possèdent « des voix plus divines qu’humains ».

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